Avez vous pensé à reculer vos horloges et montres ? Le changement d’heure a eu lieu cette nuit. Mais alors que de nombreux Européens avaient massivement approuvé la fin du changement d’heure, la question reste en suspens. On fais le point !
Les discussions autour du passage à l’heure d’été et d’hiver sont passées au second plan ces dernières années. Mais un retour du sujet sur le devant de la scène pourrait être imminent. En attendant, les Européens continueront à régler leurs montres deux fois par an. Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre 2024, par exemple, les Français passeront à l’heure d’hiver, à trois heures du matin, gagnant ainsi une heure de sommeil, bien que cette mesure reste controversée.
Le Parlement européen favorable à l’abolition du changement d’heure Il y a cinq ans, le Parlement européen a voté pour mettre fin au changement d’heure dans l’Union européenne. Mais en l’absence de consensus entre les États membres, ce passage d’une heure à l’autre se poursuit inlassablement.
Une pratique née pour économiser l’énergie Introduit pour la première fois en France en 1916, après l’Allemagne et le Royaume-Uni, le changement d’heure visait à économiser le charbon, une ressource alors cruciale pour alimenter les centrales thermiques produisant de l’électricité. Abandonnée après la Seconde Guerre mondiale, cette pratique est réinstaurée en 1975 dans le cadre du décret du 19 septembre, pour des raisons similaires : limiter l’usage d’éclairage artificiel en soirée et ainsi économiser de l’énergie.
L’uniformisation du changement d’heure au sein de l’Union européenne Dans les années 1980, suite au choc pétrolier de 1973, le changement d’heure est uniformisé dans l’Union européenne pour permettre des économies d’énergie, cette fois produite majoritairement par le fioul. Les dates de changement d’heure étaient initialement propres à chaque pays, mais, en 2001, l’Europe décide de les synchroniser : le passage à l’heure d’été a lieu le dernier week-end de mars, et celui à l’heure d’hiver le dernier week-end d’octobre.
Contestation et impact écologique Ces dernières années, l’Association Citoyenne pour une Heure Équitable et Durable (Ached) a dénoncé les coûts associés au changement d’heure, estimant ses répercussions économiques et écologiques. Dans une lettre adressée au Premier ministre Michel Barnier le 18 octobre 2024, l’association chiffre les coûts de santé annuels liés au changement d’heure à environ 7 milliards d’euros et les émissions de carbone générées à environ 10 millions de tonnes, en raison de la consommation accrue en énergie, transport et climatisation.
Une consultation publique sans effet En 2018, l’Europe prend acte des critiques de ses citoyens. Après l’adoption par les eurodéputés d’une résolution appelant à revoir le changement d’heure, la Commission européenne organise en 2019 une consultation publique qui mobilise massivement : six millions d’Européens y participent, un nombre record pour ce type d’initiative. En France, plus de deux millions de citoyens se prononcent majoritairement (83,71 %) pour l’abolition du changement d’heure, un avis partagé dans le reste de l’Europe. À la suite de cette consultation, un projet de directive est adopté, visant la suppression du changement d’heure à partir de 2021.
Des divergences entre États membres, frein à la directive Toutefois, la pandémie de Covid-19 bouleverse les priorités politiques de l’Union, reportant la directive aux calendes grecques. D’autres motifs expliquent également cet immobilisme, malgré le soutien massif des citoyens européens. Le Parlement souhaitait éviter un “patchwork” de fuseaux horaires au sein de l’Union, et il demandait donc aux États membres de s’accorder sur une heure commune à adopter – l’heure d’hiver ou d’été. Cette question soulève des divergences, notamment parmi les pays du Sud de l’Europe (Portugal, Grèce, Chypre) qui expriment un scepticisme réel quant à l’abolition du changement d’heure.
Les désaccords sur ce sujet symbolisent un certain blocage décisionnel au sein de l’Union européenne, où chaque État défend ses préférences sans compromis global en vue.